BROCANTE A PRADES -suite-

Comme je vous l'ai montré, mercredi j'ai craqué pour ce porte-photo d'un modèle peu courant, fin XIXème, presque intact (il manque le verre biseauté du milieu) et probablement garni de ses photos d'origine.

Hier, je me suis donc mise au nettoyage de l'ensemble -laine d'acier fine pour le décrassage du métal et lavage des verres - et j'ai eu un pincement au cœur, suivi d'une réflexion sur mon achat qui m'amène à vous faire part du pourquoi et comment de la chose...

Je retire donc les verres et les photos. Voici la première, recto-verso.
Rien à dire de particulier sauf que la signature du photographe nous situe un peu la photo et permet sa datation...

Deuxième Photo : le verso est un peu effacé mais on distingue toujours "la marque de fabrique"...


Troisième photo : le choc !!!! J'avais bien constaté que cette photo avait quelque chose de dérangeant, de singulier. La posture du bébé n'avait rien de comparable aux précédentes et aux clichés classiques que nous connaissons tous de cette époque.
Et en effet, au verso une mention manuscrite confirme ce que je pressentais, à savoir, la photo d'un enfant mort.

Ma première réaction a été une sorte de malaise à la vue de cette photo étrange et morbide. Comment a-t-on pu prendre un tel cliché ? De nos jours, cela se fait-il encore ? Bizarre... Et puis, la surprise passée, c'est une sorte de tristesse inexpliquée qui m'a envahie.
Vous me trouvez sentimentale ? Et bien, peut être en effet, le suis-je un peu trop, mais, je pense qu'il faut avoir un cœur de pierre pour ne pas être émue par une telle photo. Et c'est mon cœur de mère qui a pleuré. Bien entendu, les autres bébés sont morts depuis probablement longtemps (je rappelle que leur naissance se situe entre 1880-1900) et raisonnablement, si le bébé en question avait survécu, il serait lui aussi dans l'autre monde...Simplement, cette découverte au dos de la photo, m'a non seulement émue mais aussi plongée dans une certaine réflexion que je vous livre telle quelle : il est bon de temps en temps de se rappeler que tous les objets que nous aimons chiner ont appartenu à un moment donné à quelqu'un et que ce quelqu'un avait une histoire.... Qu'en reste-t-il ?


Comme beaucoup d'entre vous que je connais à travers vos blogs, j'adore chiner, et très souvent j'achète de vieux cadres pour récupérer les baguettes qui serviront à encadrer mon point de croix. En voici quelques échantillons, attendant d'être démontés. Ce sont des portraits, des certificats de baptême ou de communion... Bref, quelles personnes se cachaient derrière ces photos surannées ? Que sont-ielles devenues ? Et leurs héritiers ? Pourquoi tous ces objets se retrouvent-ils exposés à tout va alors que jadis ils faisaient partie de l'intimité de leurs propriétaires ?
Voilà, je crois qu'à l'avenir, je ne regarderai plus ces photos uniquement comme des "images" du passé...
J'ai donc bien respectueusement rangé les trois photos de ces bébés au fond d'un tiroir avec d'autres reliques, jugeant qu'il aurait été malsain de les exposer chez moi, et je glisserai quelques photos de nous, bien vivants....en pensant : et dans bien des années -j'espère- qu'adviendra-t-il d'elles ? Ah non, je détesterai, de là-haut, les voir ici-bas exposées sur un marché à la brocante !!!!!

Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?...

Alphonse de Lamartine